En ce temps-là, le pays était à nouveau dans le malheur.
Guerres invisibles mais non moins meurtrières, maladies fréquentes et l’affreuse fin non avec la belle vue du monastère où les moines gardent à la taille les clés des crânes, ni sur la colline aux cyprès ; mais dans la poussière au milieu des ordures et dans les sous-sols, morts non réclamés – avec de force les yeux grands ouverts pour la photographie et l’offre de récompense. Encore une autre faim et indigence d’âme sous le perpétuel ciel du monde.
Dans l’éternité, c’est ce moment que choisit le Roi qui un jour descendit sur le marché, où se pressent le mensonge et l’imposture et les silencieuses voix du profit. Les guenillards s’écartèrent pour que passe l’escorte et que se tienne au centre la Majesté avec les pourpres. Celui-là, l’inspiré de Dieu, souleva haut trois fois les bras, emplissant chaque fois ses poings de diamants et de piastres, les secouant vers les nuages, signe, paraît-il, qu’il aimait les gens et le peuple et qu’il les leur offrait, les dispersant ainsi.
Une horde hurlante s’élança, chacun injuriant et frappant l’autre pour en attraper le premier.
Plus vite que les éclairs de la pluie furent cueillis les soudains éclats par terre, même la dernière pièce d’or qui roulait vers l’égout.
Le défilé démarra des yeux du Roi pour le palais, avec devant le knout, qui s’était tu peu avant.
Et parmi les chanceux du jour, les uns ont filé au plus vite, recroquevillés, vers leur masure, d’autres sont passés aux nécessités et aux bistrots ; mais certains dans le coin, n’ayant pas de part dans le rachat de leur vie, serrant les dents, pleuraient.
Markos Meskos, Στον ίσκιο της γης