Épilogue
C’était un jeune homme pâle. Assis sur le trottoir.
Hiver, il avait froid.
Qu’est-ce que tu attends ? Lui dis-je.
Le siècle prochain, me dit-il.
*
Où aller
*
Quant à moi, je suis resté toujours vendeur ambulant d’affaires d’autrefois
mais… mais qui aujourd’hui achète des parapluies de déluges antiques.
*
Je colorie des oiseaux et j’attends qu’ils gazouillent
*
Mais un jour je n’ai plus supporté.
Moi vous me connaissez, je leur dis.
Non, ils me disent.
C’est ainsi que j’ai pris ma revanche et je n’ai jamais été privé des sons lointains.
*
Je chante, comme chante la rivière
*
Et ensuite à l’hôpital où ils m’ont conduit en hâte…
Vous avez quoi, ils me disent.
Moi ? Moi rien, je leur dis. Dites-moi juste pourquoi ils nous ont manipulés,
de cette manière.
*
Le soir j’ai trouvé une belle manière de m’endormir.
Je leur pardonne à tous un à un.
Avant de nouveau je veux sauver l’humanité
Mais elle, elle refuse.
*
Pourtant ce soir, je suis pressé ce soir,
de mettre à l’écart tout l’oubli
et à sa place de déposer
une petite anémone.
*
Seigneur, j’ai péché devant toi, j’ai rêvé beaucoup
une petite anémone. Ainsi j’ai oublié de vivre.
Juste certaine fois, par un secret que j’avais appris enfant,
je suis revenu dans le monde véritable, mais là personne ne me connaissait.
Comme les illusionnistes qui tout le jour ont offert les rêves aux enfants
et le soir reviennent dans leurs mansardes plus pauvres encore que les anges.
*
Nous avons vécu perpétuellement ailleurs.
C’est juste quand quelqu’un nous aime que nous venons pour peu de temps
et quand on ne meurt pas l’un pour l’autre nous sommes déjà morts.
*
S.O.S, S.O.S, S.O.S, S.O.S,
ça souffle ce soir ça souffle,
les rues courent essoufflées ça souffle,
au-dessous des ponts ça souffle,
à l’intérieur des guitares ça souffle.
*
ça souffle ce soir ça souffle,
à l’intérieur des guitares ça souffle.
*
Donne-moi ta main ça souffle,
donne-moi ta main
*
Tassos Leivaditis, Φυσάει στα σταυροδρόμια του κόσμου, 1953
OULIPIA Poèmes grecs, textes inédits 